Au milieu du XIXème siècle, la Belgique s’impose comme l’une des plus grandes puissances industrielles du monde. Mais cette forte croissance n’engendre pas une juste redistribution des richesses produites. Le fossé se creuse très vite entre une bourgeoisie de plus en plus riche et une population ouvrière dont les conditions de vie sont parmi les plus mauvaises d’Europe (misère effroyable, journées de travail interminables, salaires ridiculement bas, cadences de travail infernales), sans compter qu’elle n’a pas le droit de vote. Cette exploitation encourage la naissance d’un puissant mouvement ouvrier qui va, petit à petit, s’imposer sur la scène politique. Les ouvriers vont s’organiser dans des sociétés d’entraide et des mutualités. En 1885, le Parti Ouvrier belge (POB), ancêtre du Parti socialiste, voit le jour. Aux deux grands partis bourgeois, que sont le parti catholique et le parti libéral, s’oppose alors un parti ouvrier qui va d’emblée lutter pour l’extension du droit de vote. Dans ce sillage, l’Église catholique va commencer à s’intéresser au sort de la classe ouvrière et jeter les bases du mouvement ouvrier chrétien.
Les premières conventions collectives portant sur les conditions de travail et de salaires sont signées en 1919. D’autres lois sociales sont votées en 1936. Mais, la protection effective des travailleurs ne sera assurée qu’en 1945, après la 2ième guerre mondiale, avec la mise en place de la sécurité sociale (la « Sécu »), système basé sur « la solidarité de tous pour tous » grâce auquel chaque travailleur peut bénéficier de l’assurance maladie-invalidité, d’allocations familiales s’il a des enfants, d’indemnités de chômage s’il perd son emploi et d’une pension lorsqu’il atteint l’âge de la retraite. Le budget de la « sécu » est financé essentiellement par les cotisations versées par les travailleurs et les employeurs. La sécu est un des grands acquis du combat syndical. Elle est le produit d’une concertation entre le monde patronal et le monde syndical (le Pacte social de 1944) qui est devenue, depuis, un véritable modèle du genre. Cette concertation se déroule aujourd’hui à tous les niveaux de la vie économique: de l’entreprise (conseil d’entreprise…) à l’État (accord interprofessionnel qui dessine tous les 2 ans le cadre social minimum dans lequel vivront les acteurs sociaux).
Ce clivage est toujours d’actualité aujourd’hui. D’aucuns veulent, notamment pour des questions budgétaires (la sécurité sociale a un coût très élevé: les gens vivent de plus en plus vieux et le nombre de personnes actives diminue) revenir sur certains de ces acquis. S’ajoute à cela le difficile problème de la lutte contre le chômage qui frappe plusieurs centaines de milliers de personnes en Belgique. Enfin, il convient de ne pas oublier le contexte mondial actuel marqué par la montée en puissance du capitalisme financier et de politiques de dérégulation et de libération.