Le système éducatif, sujet qui revient régulièrement, contribue-t-il efficacement à l’apprentissage des règles sociales, à la diffusion d’une culture commune ? Favorise-t-il le « vivre ensemble » ?
Par l’homogénéisation des manières de penser et des représentations sociales, l’école permet faire vivre plus longtemps ensemble quatre générations dans des espaces plus étendus qui dépassent le cadre national et sont liés les uns aux autres. C’est aussi « vivre ensemble » les mutations inédites engendrées par les technologies numériques, les sciences du vivant, la crise écologique et leurs conséquences. C’est-à-dire : « Faire société ». Cela fait partie de ses missions. L’école a en charge la formation des citoyens : l’enseignement de la morale civique, par exemple, est censé inculquer aux nouvelles générations les valeurs d vivre ensemble, la tolérance, les principes de la laïcité. L’école transmet aussi les normes (ponctualité, respect de l’autorité), des valeurs (le sens de l’effort, de l’honnêteté, le gout de la réussite). Elle prépare aussi les individus de demain à leurs futurs rôles sociaux. Mais surtout, par la formation qu’elle dispense et les diplômes qu’elle distribue, elle joue un rôle déterminant dans l’obtention d’un emploi et donc dans l’intégration sociale.
Cependant, l’école semble avoir de plus en plus de difficultés à tenir ses fonctions d’intégration. Un taux élevé de jeunes en échec scolaire, fait plus qu’ailleurs dépendre la réussite scolaire de l’origine sociale et ne parvient pas à fournir des élites assez étoffées : en somme, il n’est ni juste, ni efficace.
Ces difficultés tiennent à la culture permanente du classement, à l’élimination précoce des plus faibles et à une grande tolérance aux inégalités et à leur reproduction. Ainsi, malgré des sommes importantes dépensées en matière d’éducation. L’école reste très inégalitaire. Les jeunes qui sortent de l’école sans diplôme ne peuvent que nourrir un fort ressentiment face à cette institution et parfois face à la société dans son ensemble. L’échec scolaire est très stigmatisant : quand « tout le monde a le bac », ne pas l’avoir est souvent source d’exclusion, notamment sur le marché du travail.
Enfin, face à des publics scolaires lus hétérogènes sur le plan social et culturel, l’école éprouve davantage de difficultés à transmettre une culture commune. L’institution scolaire, déscolarisation et parfois violences dans les comportements.